
Développement de l'offre de rééducation
En bref
Discipline essentielle dans la prise en charge des patients, la rééducation joue un rôle crucial dans leur devenir fonctionnel, social, économique et familial.
Peu représentée dans les contextes où MSF intervient, elle se limite quasi-exclusivement à la traumatologie et, dans une moindre mesure, à la brûlure. Pourtant, sa valeur ajoutée peut bénéficier à un grand nombre de patients, notamment en santé de la femme et en pédiatrie.
En 2023, la Fondation MSF a lancé un programme de développement des activités de rééducation afin de faciliter leur intégration dans les projets MSF. Une équipe de kinésithérapeutes spécialisées a été recrutée.
Nous intervenons ainsi dans trois domaines :
- La pédiatrie : notamment dans la prise en charge des enfants présentant des retards de développement et d’autres conséquences liées à leur hospitalisation et à leur état de malnutrition,
- La santé de la femme : pour accompagner les femmes souffrant de douleurs et de troubles fonctionnels, notamment au niveau pelvien, à la suite d’un accouchement difficile, de pathologies spécifiques ou du traitement de leur cancer,
- La brûlure : pour renforcer notre expertise et développer des solutions adaptées aux terrains.
Où en est le projet ?
Actualités du projet
En détail
1. Rééducation pédiatrique et développement neuro-moteur de l’enfant
Nous nous intéressons à l’intégration de la rééducation dans la prise en charge globale des enfants dans divers contextes pathologiques. On peut distinguer :
- Les enfants victimes de la malaria, de la méningite ou d’autres pathologies telles que l’épilepsie et la paralysie cérébrale, qui peuvent développer des séquelles neurologiques nécessitant un accompagnement en rééducation.
- Les enfants dénutris, pouvant présenter :
a. Des retards neuromoteurs (par exemple, ne marchant pas à 18 mois),
b. Une sévère fonte musculaire, voire des restrictions de mobilité, notamment chez les patients les plus graves présentant des œdèmes, ainsi que les cas spécifiques de kwashiorkor, une forme sévère de malnutrition par carence en protéines.
Tous ces patients peuvent bénéficier d’une rééducation physique avec des physiothérapeutes afin d’améliorer leur pronostic fonctionnel et limiter les retards, en les aidant à franchir les étapes de leur développement moteur (se retourner, ramper, s’asseoir, se redresser, marcher). Plus la prise en charge est précoce, meilleure est l’évolution de l’enfant.
Réalisations :
Projet pilote à Haydan, Yémen : depuis fin 2023, nous participons à la formation de l’équipe locale composée de deux physiothérapeutes et au développement de leur unité de rééducation. Ils prennent en charge tous types de patients, dont des enfants dénutris. La rééducation des enfants présentant des retards de développement liés à leur état nutritionnel représente près de 88 % des séances pédiatriques. En moyenne, l’équipe suit 69 nouveaux patients et réalise 245 séances par mois.
Des explorations ont également été menées en 2024 au Tchad, au Nigeria et au Sud-Soudan pour évaluer les besoins. Plus de 1000 enfants ont ainsi été examinés, ce qui a guidé nos futures implantations d’activités.
Kano, Nigeria : En février 2025, notre spécialiste a implanté l’activité de rééducation dans le projet de prise en charge de la malnutrition de MSF WACA à Kano. Deux physiothérapeutes ont été recrutés et formés pour prendre en charge les retards de développement ainsi que les cas sévères de restrictions de mobilité liés au kwashiorkor.
Perspectives :
En plus du projet de Kano, deux autres implantations de rééducation pédiatrique sont prévues au Tchad et à Katsina, Nigeria.
Nous poursuivons également le soutien technique et organisationnel au projet de Haydan, au Yémen. Enfin, nous restons ouverts à la formation d’autres équipes de rééducation dans les projets MSF prenant en charge ces enfants.

2. Le projet Santé de la femme
À la suite d’un accouchement difficile, de pathologies spécifiques (comme les fistules vesico-vaginales) ou des traitements du cancer du col de l’utérus, des complications peuvent apparaître sous forme de douleurs périnéales, de troubles fonctionnels (fuites ou écoulements urinaires et/ou fécaux, sténose vaginale, œdèmes…) ou de troubles sexuels. Ces complications peuvent être prévenues et traitées par la rééducation.
Réalisations :
Blantyre, Malawi : Depuis début 2024, nous participons au développement du service de rééducation du projet MSF dédié à la prise en charge du cancer du col de l’utérus. Après traitement chirurgical et/ou chimio-radiothérapie, les patientes peuvent présenter des séquelles fonctionnelles telles que sténoses vaginales, neuropathies, rétentions urinaires, constipations, fuites urinaires ou fécales, ainsi que douleurs et faiblesses du plancher pelvien. Nous accompagnons l’équipe locale composée de deux physiothérapeutes et d’une suppléante à travers des formations, tout en les aidant à s’intégrer dans l’équipe pluridisciplinaire du projet. Ensemble, nous œuvrons pour une prise en charge systématique et, dans la mesure du possible, pour une approche préventive de ces symptômes.
En 2024, plus de 1700 séances ont été réalisées par l’équipe à Blantyre.
Jahun, Nigeria : Chaque mois, plus de 600 accouchements ont lieu dans le projet MSF, dont plus de 160 nécessitent une hospitalisation en soins intensifs post-accouchement. En outre, environ 30 interventions chirurgicales pour la prise en charge des fistules sont réalisées.
Depuis juin 2024, nous avons mis en place avec MSF un service de rééducation et formé deux physiothérapeutes locaux ainsi que deux suppléantes. L’équipe intervient désormais :
- En soins intensifs, après un accouchement compliqué, afin de permettre aux patientes de retrouver rapidement un niveau d’autonomie.
- Dans le service de prise en charge des fistules, pour mieux préparer et accompagner les suites chirurgicales et limiter les conséquences fonctionnelles (incontinence, prolapsus…).
Depuis le lancement de l’activité, près de 2000 séances ont été dispensées à plus de 650 patientes en soins intensifs et en unité de prise en charge des fistules vesico-vaginales.
Perspectives :
Nous poursuivons le soutien technique et la formation des équipes au Malawi et au Nigeria, à distance et via des visites de notre spécialiste. À Jahun, nous souhaitons développer davantage l’offre de rééducation pour les femmes nécessitant un suivi pelvien après un accouchement difficile.
Nous explorons également d’autres possibilités, notamment :
- Au Yémen, au sein d’activités MSF axées sur la santé materno-infantile,
- En Afghanistan, auprès des sages-femmes communautaires, afin de sensibiliser et former les équipes locales à l’identification et au traitement des troubles fonctionnels pelviens.
Enfin, nous envisageons d’explorer les besoins en rééducation des survivantes de violences sexuelles.
3. Le projet brûlure
Les patients victimes de brûlures profondes nécessitent une prise en charge multidisciplinaire : chirurgicale, médicale, paramédicale, psychologique et en rééducation. La rééducation vise à prévenir et traiter les complications liées à la cicatrisation pathologique de la peau, telles que les rétractions, adhérences et hypertrophies cutanées. Ces séquelles sont souvent douloureuses, inesthétiques et entravent la fonctionnalité des zones atteintes.
La rééducation du patient brûlé débute dès les premiers jours d’hospitalisation, y compris au bloc opératoire, à travers des techniques de positionnement, de mobilisation et d’appareillages adaptés. Après leur sortie, les patients poursuivent leur prise en charge pendant plusieurs mois avec des séances d’étirements, massages, port de vêtements compressifs et autres dispositifs spécifiques (voir projet 3D).
Réalisations :
Nous intervenons auprès de MSF pour améliorer les soins de rééducation apportés aux patients brûlés en formant les équipes locales (MSF ou ministère de la Santé) en Syrie, Arménie, Irak et Haïti.
Nous poursuivons le support aux missions MSF actuelles, à distance et sur place, afin d’assurer la qualité des soins, notamment à Atmeh, Syrie, à Tabarre, Haïti et à Aweil, Sud-Soudan.
Perspectives :
Nous espérons établir des liens avec d’autres sections de MSF et organisations afin de proposer de nouvelles formations sur d’autres terrains où des patients brûlés sont pris en charge.